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Aussi simple qu’un verre d’eau. Dr Adrian CHABOCHE, Revue Hypnose & Thérapies Brèves n°63


"La transe hypnotique ne doit pas être une chose laborieuse. La simple confiance en votre voix, la simple confiance dans votre capacité à induire la transe, c’est cela le plus important. C’est le patient qui fait la thérapie." Milton ERICKSON



Aussi simple qu’un verre d’eau. Dr Adrian CHABOCHE, Revue Hypnose & Thérapies Brèves n°63
Chères lectrices, chers lecteurs, Beaucoup de praticiens dans les débuts de l’apprentissage de l’hypnose ressentent une fatigue importante. Une fois les premières bases acquises, les découvertes faites de surprises et d’excitations qui apportent évidemment une grande énergie pour investir la nouveauté, les apprenants (que nous sommes tous) éprouvent un sentiment d’être comme face à une grandeur qui les dépasse : la richesse et la subtilité de l’hypnose se confrontent à l’effort d’une nouvelle gymnastique, d’un « mouvement » mental qui diffère souvent de tout ce que l’on a arpenté comme chemin jusqu’alors. Quelle aventure ! Et parfois quels doutes ! « Je ne pourrais pas parler aussi facilement ! Je ne trouve pas mes mots ! Je ne sais pas si je pourrais faire ça toute la journée ! Ça me demande beaucoup de concentration... » Florilège entendu tout d’abord en chacun de nous (rappelez-vous) et qui revient souvent au cours des formations.

Pour le contextualiser, il faut aussi bien se rappeler que l’apprentissage de chaque nouvelle chose dans notre vie est un feu d’artifice cérébral où nous créons d’innombrables nouvelles connexions neuronales. Il a été observé que même chez certains patients atteints de maladies neuro-évolutives comme Alzheimer, ils arrivaient encore à favoriser de nouvelles connexions là où le reste du cerveau en perdait.

Nous parlions « d’arpenter » à propos de l’hypnose, voyons cela comme de nouveaux « chemins » pour relier des savoirs et les intégrer à ceux déjà acquis. Un peu comme un explorateur ouvre une voie (et donc dans l’hypnose aussi sa voix) dans un terrain embroussaillé où tout à la fois il faut se frayer un chemin et oser au-delà des espaces connus. Car dans cette exploration cognitive et mentale, l’apprenant fait aussi face à ses doutes, parfois même des craintes, là où il avance dans un espace nouveau, inconnu. Et nous savons à quel point l’hypnose (disons en tout cas ericksonienne) expose l’apprenant à une expérience perturbante : parce que la volonté d’Erickson de ne pas théoriser et encore moins de planifier un quelconque protocole (il s’était farouchement opposé au père de la psychologie expérimentale, Clark Hull, autour de cette idée), nous met face à l’immédiateté de l’expérience clinique.

C’est ici même que certains se figent de résistance (ne pas oser, ne pas savoir, vouloir trop savoir, vouloir contrôler... au choix !) ce qui se vit comme une confrontation angoissante : ne pas prévoir, improviser, laisser venir. Le processus hypnotique se fait dans une forme d’immédiateté de la présence qui est alors aussi processus thérapeutique car elle fait émerger ce qu’il y a de possible, de « nouveau et de créatif » chez le patient, comme le disait Milton Erickson. Et j’ajouterai : ce qu’il y a de nouveau et de créatif... chez le praticien aussi !

Mais cela demande une attention et une concentration si présente, sincère, intense, qu’elle ne peut être que sollicitante et fatigante. Lorsque nous avons appris à faire du vélo, nous l’apprenions pour nous-même (et un peu pour faire plaisir au Désir parental). Ce n’était en tout cas pas quelque chose tout à fait pour l’Autre dans une action qui se veut thérapeutique. La pratique et l’expérience permettent évidemment d’alléger cette charge mentale en réduisant l’effort ressenti. Au gré des consultations, nous acquérons tous un savoir-faire allant de pair avec un savoir-être. Nos automatismes aussi nous y aident. Mais peuvent aussi nous exposer à être moins dans cette disposition de présence spontanée, immédiate, à cet Autre devant nous. Délicat équilibre, tel un funambule qui oscille entre technique et art.

Alors, comment faire simple ? Un jour en consultation je regarde un tableau de Jean Cocteau, un visage, dessiné d’un seul trait, d’un seul geste. L’harmonie exquise de la simplicité qui transcende la finesse d’une forme qu’il rend si humaine... Et j’admire alors comment d’un seul geste léger l’artiste a pu faire émerger cette simplicité qui devient si évidente qu’elle paraît facile. Alors je me dis qu’il y a quelque chose d’hypnotique : n’est-ce pas de la part de Cocteau une intention de nous fasciner, de concentrer notre attention sur quelque chose qui crée en nous un état d’émotion. Je rappelle que l’empathie vient initialement de l’art. Avant d’être repris par Theodor Lipps dans la philosophie de l’Esprit, c’est un philosophe allemand Robert Vischer, fin XIXe siècle, qui définit l’empathie, « soit le mode de relation qu’un sujet entretient avec une oeuvre d’art permettant d’accéder à son sens afin d’en ressentir une émotion ». Fantastique. Mais comment faire ? Erickson nous conviait à observer, observer et observer. Et bien en arpentant encore et encore ce qui est juste là devant nous avec le patient, l’empathie, et le geste surgit si l’on s’efforce d’observer.

Je pense à Sylvaine, une patiente douloureuse chronique que je rencontre à l’hôpital. Je découvre une personne très enthousiaste, ouverte à de nouvelles expériences. Ce n’est pas tout le temps le cas dans le champ de la douleur, celle qui immobilise tant l’esprit que le corps que les patients en sont figés, comme un marcheur sur un chemin qui voit au loin sans pouvoir faire un pas. Elle se prête « au jeu » de l’hypnose avec spontanéité et l’énergie de la découverte. Comme nous, lorsque nous apprenons l’hypnose aussi. Alors les séances d’hypnose se suivent sans se ressembler. Face à la lutte contre la douleur chronique, pour réintégrer son corps, je l’incite à essayer de retrouver ce que l’on fait dans le box de l’hôpital, mais chez elle par le biais de l’auto-hypnose. C’est avec un certain étonnement que je l’entends m’expliquer qu’elle y parvient en étant sous la douche, debout, une jambe pliée, l’autre tendue, tel, je la cite, « un flamant rose ». Nos patients sont eux-mêmes bien inventifs, ne cherchons pas à l’être à leur place. Et un après-midi, c’était certainement un moment vers l’été car je me souviens non pas tant de la chaleur, mais d’une bouteille d’eau minérale posée sur le bureau devant moi, devant elle, entre nous deux. Un de ces gobelets en plastique à côté, de ceux que l’on trouve avec les fontaines à eau ou les pique-niques. Ce n’est ni la mienne, ni la sienne. Un objet entre nous, inhabituel, dans un contexte que l’on connaît tous les deux. Et nous sommes là à nous parler de la séance précédente et de ses impressions. Si absorbés à notre échange qu’elle et moi ne nous intéressons plus qu’à cela. Autrement dit, une mise en abime de l’hypnose : parler de cela en agissant de la même façon. Se concentrer, s’observer. Et elle m’intrigue tant et si bien cette patiente que je ne remarque que du coin de l’esprit que nous nous éloignons progressivement de notre état de conscience habituel. Quelque chose se passe. Ce que j’observe d’elle avec tant de concentration, de présence, que c’est certainement elle qui m’hypnotise en premier lieu. Et mon attention est comme attirée sur cette petite bouteille d’eau minérale. Comme quand on vous dit « n’y pense pas ». Si bien que je constate qu’un geste est venu lorsque le plastique se ressent au bout des doigts de ma main qui se saisissent du gobelet et dévissent le bouchon…….


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Aussi simple qu’un verre d’eau. Dr Adrian CHABOCHE, Revue Hypnose & Thérapies Brèves n°63
Dr ADRIAN CHABOCHE Spécialiste en médecine générale et globale au Centre Vitruve. Il est praticien attaché au Centre de traitement de la douleur CHU Ambroise-Paré. Il enseigne au sein du DU Hypnoanalgésie et utilisation de techniques non pharmacologiques dans le traitement de la douleur, Université de Versailles.

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N°63 : Novembre, Décembre 2021, Janvier 2022
Illustrations © Eishin Yoza

- Edito : Humaniser le lien - Julien Betbèze, rédacteur en chef

- Wilfrid Martineau nous apprend à surfer sur les métaphores, grâce à des exemples concrets de questionnement s’inscrivant dans l’imaginaire partagé. En s’attachant aux métaphores des patients, le thérapeute renforce le lien et active le changement.

- Marie Caiazzo nous indique comment les images d’une personne courageuse et forte peuvent remettre le corps en mouvement ; elle illustre cela avec le cas d’Annabelle, kiné victime d’inceste qui ne parvenait plus à toucher ses patients.

- Bertrand Jacques met en évidence les effets délétères des normes de performance dans la vie affective et sexuelle. A travers plusieurs exemples, il nous montre comment se déprendre du pouvoir des injonctions normatives intériorisées. Reconnecter les sujets à des relations sécures va ouvrir la voie à une expérience émotionnelle corrective, dans laquelle le sujet va se réapproprier sa subjectivité qui passe par l’acceptation de la peur et l’accueil des tremblements.

- Gérard Ostermann présente dans son édito deux articles sur l’utilisation de l’hypnose, en neurochirurgie éveillée (Séverine Gras) et sur la fibromyalgie (Laurent Schaller).

- Le dossier thématique «Humaniser le lien» reprend un échange de Julien Betbèze avec Eric Bardot autour de la dépression.
L’article souligne l’importance de la constitution de la relation pour accéder à la subjectivité. Cela passe par une attention à l’accordage et au partage affectif afin de diminuer l’effet des angoisses de mort liées au monde abandonnique.

- Le texte de Véronique Cohier-Rahban s’intéresse aux fantômes transgénérationnels chez les enfants atteints de troubles oppositionnels avec provocation (TOP) et de troubles de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). L’auteure décrit comment, à travers l’histoire d’une famille, son intervention thérapeutique a permis l’accès à une tristesse partagée, condition de l’installation d’un lien rendant à chacun un espace d’expression.

- Adrian Chaboche : Aussi simple qu’un verre d’eau. Voir le patient comme une œuvre d’art favorise notre empathie et fait émerger le geste thérapeutique qui devient simple, présent.

- L’importance du lien est illustrée comme toujours avec humour par Stefano Colombo et Muhuc.

- Gérard Fitoussi interroge Jean-Jacques Wittezaele qui a introduit l’approche de Palo Alto dans l’Europe francophone. Il décrit son parcours autour de l’importance de la relation et son intérêt pour la culture chinoise qui donne une place prépondérante à la relation dans la construction du sens.




Rédigé le 30/01/2022 à 20:47 | Lu 1013 fois | 0 commentaire(s) modifié le 30/01/2022

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