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Docteur, j’ai enfin échoué ! Dr Adrian CHABOCHE, Revue Hypnose & Thérapies Brèves n°64


« Pourquoi vous obstinez-vous à vouloir guérir vos patients ? Arrêtez ! » François ROUSTANG Chères lectrices, chers lecteurs, Quel engouement ressentons-nous à vouloir guérir nos patients ! A moins que cela ne soit de chercher à guérir notre propre inquiétude de ne pas y parvenir ? J’entends encore François Roustang clamer à sa façon à un praticien qui s’entretenait avec lui d’arrêter de vouloir guérir...



Docteur, j’ai enfin échoué ! Dr Adrian CHABOCHE, Revue Hypnose & Thérapies Brèves n°64
D’ailleurs, ça mérite de se poser comme question : qu’est-ce que guérir ? Il y a un adage que l’on attribue à Pasteur et qui vient peut-être d’Hippocrate : « Guérir parfois, soulager souvent, consoler toujours ». Lorsqu’on rencontre un patient, il vient avec sa plainte qu’il nous expose. Une souffrance qui est telle que la nécessité de vous rencontrer devient impérieux. C’est une affaire sérieuse, ce n’est jamais du tourisme de la part du patient. On entend encore trop de professionnels de santé dire : « lui, il vient pour rien ». Entendons par là qu’ils n’ont pas été formés à écouter ce que le patient vient leur dire. Notre médecine malheureusement poussant à la sur-spécialisation peut nous éloigner d’une observation de ce qui n’est pas dit explicitement dans le discours du patient.

Attention, ne jetons pas la pierre à cet aspect « technique » des médecines et thérapies, car sous couvert de bienveillance et d’écoute bon nombre de nous pensons parfois en savoir plus par le profit d’un exercice de l’art de soigner qui sait mieux. C’est assez orgueilleux. Parce que ce serait préjugé que nous en savons plus sur le patient que lui n’a déjà accès à ce qu’il ressent. Peut-être nous avons de belles théories, de fines observations, une certaine vérité qui émerge de l’écoute des milliers d’heures de paroles que nos oreilles entendent. Et cela nous aide certainement. Mais à quoi ? Si c’est de projeter sur le patient notre certaine idée de la guérison alors c’est nous que nous traitons, puisque nous serions à ce moment tel un guide qui a devancé le marcheur que l’on se doit d’accompagner au pas à pas.

Le patient vient nous voir donc, muni de sa plainte, comme il le peut. Il en éprouve une souffrance qui est une émotion, par le corps et l’esprit. Mais si c’était clair et précis à sa conscience il aurait certainement déjà moins besoin de nous.

Lorsqu’il arrive, il essaie d’en dire quelque chose, sans savoir quoi. François Roustang disait des patients qu’ils n’étaient pas forcément malades mais maladroits.

Nous avons tous fait l’expérience d’aller voir un médecin, un thérapeute, un soignant, nous en tant que malade. Et rappelez- vous à quel point c’est un exercice périlleux, difficile, délicat, que de se dire à l’Autre, lui qui est supposé savoir. Savoir quoi d’ailleurs ? Savoir mettre des mots sur ce qu’on a du mal à dire ? Mais il faut qu’il nous comprenne pour qu’il nous aide. Alors il faut essayer de parler une langue que lui va comprendre. Vous, nous, le patient, essayons de traduire des souffrances inextricables en mots compréhensibles afin que celui qui sait nous accepte, nous reconnaisse, pour nous aider. Cet investissement du patient auprès de son thérapeute, c’est-à-dire une part de ce qu’est le Transfert, ce n’est pas parce qu’on fait de l’hypnose que l’on doit oublier ce que Freud a pu en dire. D’ailleurs lui-même se posait de sacrées questions, « après trente ans passés à étudier la psychologie féminine, je n’ai toujours pas trouvé de réponse à la grande question : que veulent-elles au juste ? ». C’est dire que vraiment on peut avoir cette modestie certes inconfortable de nous laisser vaquant de toutes les sommes de nos connaissances pour être présent à ce qui peut surgir du patient pour qu’il nous dise quelque chose. Alors guérir... difficile à dire ! Ce que nous en entendons est certainement bien différent de ce que le patient pense pour lui qu’il lui faudrait être auprès de nous, et peut-être aussi de ce qui lui serait propre à lui sans nous. Complexe !

David m’en a montré quelque chose. Cet homme du bel âge, au visage fin, grand, sportif de profession, qui vient me voir car il a des difficultés dans son couple. Madame dîne régulièrement avec des hommes qu’elle rencontre et qu’elle admire. Beaucoup. Mais bon, c’est rassurant car « elle ne va jamais plus loin. Juste elle les admire. Et puis elle me dit que vraiment c’est une bonne chose pour elle, et qu’elle ne voit pas pourquoi je devrais m’en sentir gêné ou peiné ». Certes. Mais j’entends par là qu’il me demande mon avis. Est-ce ma place de donner un avis personnel ? Bien sûr non. Mais ce n’est pas que à l’être humain que je suis que David dit quelque chose, c’est surtout au thérapeute. Celui qui se doit d’entendre au-delà de ce qui est dit explicitement. Mais n’allons pas trop vite, ce serait devancer son pas que de dire qu’il souffre de jalousie ou d’un problème d’affirmation de sa place dans son couple.

Je l’invite à s’installer dans le fauteuil, se rassembler à lui et laisser venir sans nécessairement qu’on ne sache quoi en dire, mais juste de ressentir. Juste pour se détendre, par exemple. Enfin ça c’est l’idée que j’en ai, c’est celle que je projette comme étant un morceau de guérison. Absolument pas. Quelle erreur !

Je vois David s’absorber, se concentrer. Puis j’entends un grommellement bas, grondant, sourd. Je vois sa gorge qui se gonfle, vibre, s’agite. Une expiration. Puis derechef. Tel un volcan dont le magma monte dans la cheminée pour se cracher, se jeter, ruisseler avec brûlure des entrailles de quelque chose de si violent. Je ne comprends rien. Je le vois se tendre, se cabrer, se dresser en arc, me rappelant des photos et gravures prodigieuses du temps de Charcot où l’on attribuait ces réactions à de l’hystérie. Il gronde, grogne, crache, je m’inquiète de ce que mes collègues vont entendre, malgré l’insonorisation tant ses tensions explosent dans l’espace du bureau. L’erreur aurait été d’avoir peur au point de lui demander de se calmer, de s’arrêter. Je l’aide, je l’accompagne, je le soutiens, car je ressens aussi en moi de l’effroi, certainement comme lui donc. Il crie. Rien d’intelligible, juste un cri grave, lourd, viscéral. Puis tout d’un coup, son corps, de soubresauts, se relâche. Il...

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Dr ADRIAN CHABOCHE

Docteur, j’ai enfin échoué ! Dr Adrian CHABOCHE, Revue Hypnose & Thérapies Brèves n°64
Spécialiste en médecine générale et globale au Centre Vitruve. Il est praticien attaché au Centre de traitement de la douleur CHU Ambroise- Paré. Il enseigne au sein du DU Hypnoanalgésie et utilisation de techniques non pharmacologiques dans le traitement de la douleur, Université de Versailles

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Au sommaire:

. Edito – Julien BETBÈZE

Claire ROSSIN – Autohypnose et TOS chez l’enfant anxieux

L’auteure explique comment Noé, 7 ans, souffrant de troubles du sommeil, a pu s’approprier rapidement les outils proposés au cours de la thérapie (7 séances sur 5 mois) et les réinvestir au quotidien pour atteindre une autonomie dans la résolution de ses difficultés.

. Séverine LEJEUNE – Ces histoires qui nous façonnent
L’auteure, pédopsychiatre, nous propose de partager les lettres écrites aux parents, enfants et adolescents, lettres inspirées par les thérapies narratives et qui ont servi de support pour ses appels téléphoniques aux familles pendant le confinement.


. Stéphane OTTIN PECCHIO – Etats de conscience de l’hypnose musicale à l’hypnose artistique. Cet article analyse les états de conscience hypnotiques du point de vue du musicien ou de l’auditeur dans différentes situations : concert classique ou concert-thérapie, séance individuelle ou autohypnose.



.Guy MISSOUM – Success story et entraînement mental. L’auteur explique comment aider le patient à combattre le manque de confiance en soi avec différents moyens qui passent tous par une indispensable connaissance de soi.

. Espace Douleur Douceur - Gérard OSTERMANN – Edito

. Mireille SÉJOURNÉ – Troubles digestifs, hypnose et acupuncture. Gynécologue à la pratique enrichie d’une formation en acupuncture et en Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC), l’auteure nous propose une approche qui combine hypnose et MTC appliquée aux troubles digestifs. Clair et simple, le script détaillé dans l’article et appelé ''Harmonie du Papillon'' peut être refait par le patient chez lui, régulièrement.


. Anne SURRAULT – Une parenthèse enchantée avec Gustave. Récit d’une séance de thérapie narrative : carte de l’externalisation. La patiente est venue consulter initialement suite à un conflit conjugal…



. Rachel REY – Anxiété infantile au bloc opératoire. Travaillant depuis quinze ans comme infirmière anesthésiste au bloc opératoire de l’Hôpital d’enfants à Nancy, l’auteure a notamment constaté que murmurer des histoires à l’oreille des enfants à l’induction se révélait extrêmement efficace, car pour entendre sa voix l’enfant doit cesser de pleurer et de se préoccuper de l’agitation ambiante.



Dossier : S’éloigner de la dépression
. Frédéric BERBEN – Prévention de l’épuisement professionnel
Les approches intégrées de méditation, d’hypnose, de mouvements psycho-corporels permettent une liberté dans l’endroit où le thérapeute-formateur va poser le levier pour générer un changement. La pluralité des outils autorise davantage de points d’appui adaptés aux différences individuelles des professionnels.



Nelly CADRA – Métaphores et deuil
Léa, 15 ans, vient consulter suite au décès brutal de son père. En ressort le récit de trois séances avec les métaphores utilisées par la pédiatre : le gouffre sans fond ; le tilleul et le chêne ; la souris, le lapin et les elfes.


Jean-Pierre BOYER – Quels petits mieux pour sortir de la dépression? 
Depuis vingt ans l’auteur lie hypnose et approche solutionniste. Il détaille ici la méthode avec pour exemple Geneviève, 35 ans, déprimée, agressive, insomniaque et sujette à des troubles des conduites alimentaires. La « Question Miracle » est bien entendu au centre de l’entretien.

Rubriques
. Les champs du possible :
Adrian CHABOCHE – ‘« Docteur, j’ai enfin échoué !’ »
.
Quiproquo, malentendu et incommunicabilité : Stefano COLOMBO et MUHUC – Epuisement professionnel…
.
Les grands entretiens : Gérard FITOUSSI – Interview de Alain VALLÉE
.
Culture Monde : Nicolas D’INCA – Les guérisseurs touaregs.

Crédit Photo: © Marc Gratas




Rédigé le 27/07/2022 à 01:13 | Lu 961 fois | 0 commentaire(s) modifié le 27/07/2022

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