De l'Hypnose, de l'EMDR à laThérapie Brève Intégrative. De la Formation au Thérapeute. Paris, Marseille, Nancy, Annecy, Bordeaux.

Nouveautés de l’hypnose en psychiatrie.




INTRODUCTION



Dans l’histoire de la psychiatrie, l’hypnose et les suggestions ont eu une place centrale, en tant que fondement de la plupart des méthodes de psychothérapie. Aider les humains à mieux accepter la condition humaine, les fragilités, les possibilités, les capacités artistiques, est un enjeu majeur pour l’équilibre psychique. Les trois dernières années ont été instables sur le plan épidémiologique, personnel, familial, sociétal, politique, mais aussi mondial. Les citoyens ont d’autant plus besoin de stabilité et de ressources pour traverser les différentes tempêtes, y compris les sous-effectifs de soignants et l’instabilité économique actuelle. Nos valeurs humanistes continuent à nous porter pour maintenir la lumière de la bougie, et nous aimerions partager cette bougie avec vous sous la forme d’une mise à jour des connaissances et de la pratique de l’hypnose pour la santé mentale.



EVOLUTION RÉCENTE DU MONDE DE L’HYPNOSE EN France

Depuis les années 1980, tout professionnel de santé peut savoir que l’hypnose est une pratique thérapeutique qui a fait partie de l’histoire de la médecine. S’il-elle s’intéresse un peu plus à cette histoire, il-elle apprend aussi que l’introduction de soins basés sur « l’imagination », appellation historique de la conscience, remonte à... deux siècles ! Deux cents années pendant lesquelles ce processus thérapeutique qui prendra le nom d’hypnose va permettre de soigner des patients atteints de troubles psychiques reconnus. Même si l’hypnose, ou plutôt la connaissance de la conscience, sa place dans les symptômes et plus encore sa place dans la résolution des troubles reste floue, parcellaire, les experts des sciences psychiques naissantes vont l’intégrer sous différentes formes à l’heure des débuts des psychothérapies.

Pourtant, à l’aube du XXe siècle, les sciences, et en particulier les sciences médicales, vont être profondément influencées par les conceptions radicales du Positivisme qui exige d’exclure toute pratique dont les preuves matérielles sont insuffisantes. Si l’intention était louable, elle excluait aussi toutes les références à l’hypnose qui, pourtant efficace pour les patients, résistait à l’étude scientifique, comme l’atteste d’ailleurs l’échec de Charcot tentant d’intégrer l’hypnose à la neurologie. Au-delà de l’hypnose, ce sont toutes les thérapies basées sur les ressources de la conscience qui vont être plus ou moins mises à l’écart, de la même manière que les hôpitaux psychiatriques sont mis à l’écart des autres établissements hospitaliers. Cela a entraîné la disqualification de l’importance de la relation interhumaine dans les soins et à plus ou moins long terme a vu se développer une médecine déshumanisée. Une médecine dont tout le monde s’accorde aujourd’hui pour dénoncer un appauvrissement dont toutes les parties souffrent : les patients en premier lieu bien sûr, mais aussi les soignants qui ont le sentiment d’avoir perdu leur fonction humaniste naturelle. Et ceci concerne tout autant la médecine corporelle que psychique.

C’est sur ce terrain déjà dégradé dans les années 1980 qu’un souffle nouveau réanime la place de l’hypnose. Ce souffle nous vient des Etats-Unis, personnifié par le Dr Milton Erickson, psychiatre. Depuis les années 1930, il a développé une nouvelle forme d’hypnose dont une des caractéristiques majeures est d’être suffisamment souple pour s’adapter à chaque patient, ici et maintenant, quels que soit son parcours, ses symptômes, ses croyances. Mais cette personnalisation suppose aussi que le soignant se réinvente sans cesse pour atteindre cet objectif, qu’il fasse preuve dans chacun de ses échanges de souplesse et de créativité pour réussir à établir à chaque fois, si possible, une interaction dans laquelle le patient se reconnaît. Un monde thérapeutique individualisé bien loin de la philosophie positiviste qui exigeait de l’uniformisation. C’est dans cette dimension profondément humaniste que depuis près de quarante ans l’hypnose a pu se développer dans tous les secteurs de la santé. Il est apparu évident que tout être humain en souffrance vit une perturbation dans sa dimension la plus fondamentale : sa conscience.

En s’appuyant sur cette conscience et ses ressources d’adaptation aux événements de la vie, ses ressources de changement, ses ressources pour relier passé, présent et futur, ses ressources pour harmoniser les fonctionnements corporels, il devient possible de réaliser des soins plus simples, plus efficaces et plus chaleureux. La vitalité de ce mouvement se traduit au quotidien par le développement des instituts pour professionnels de santé regroupés dans la Confédération francophone d’Hypnose et de Thérapies brèves (CFHTB) passée d’une dizaine de membres il y a vingt ans à près de 40 aujourd’hui. Nous avons observé la multiplication des formations dans ces mêmes instituts, mais aussi dans une multitude d’établissements de santé, dans les services pour patients douloureux, pour patients âgés, les maternités, les services de rééducation... Partout et toujours les mêmes constats : des soins plus faciles, des patients qui se sentent reconnus et des soignants revivifiés. Il suffit de les rencontrer sur leurs lieux de travail ou dans les congrès pour le vérifier.

Ce qui pourrait s’illustrer par cette remarque d’un journaliste du Figaro lors du Forum de la CFHTB à Saint-Malo en 2005 : « Je ne sais pas ce qui se passe ici ! Je vais dans des congrès médicaux depuis plus de vingt ans où je vois des médecins, des professionnels de santé qui ont l’air de s’ennuyer, qui sont un peu gris. Ici, on dirait que tout le monde a l’air content d’être là, et encore plus curieux, tous les participants sont présents dans les conférences et s’impliquent dans les ateliers. »

Et pourtant, dans le même temps un phénomène étrange s’est installé. Nous l’avons dit, Erickson était psychiatre. Naturellement, lors des premières formations les psychiatres étaient présents en nombre. Puis de moins en moins. Contrairement à l’ensemble de la médecine, les services, soignants et congrès de psychiatrie ont peu intégré l’hypnose.

C’est un constat partagé par l’ensemble des acteurs des centres de formation, un peu comme si l’hypnose, qui était au coeur des pratiques thérapeutiques dans les soins psychiques, en allant s’implanter dans la médecine en général avait quitté sa maison d’origine.

Mais l’hypnose a-t-elle vraiment quitté le monde de la psychiatrie ? Non, mais elle est devenue plus discrète. C’est ainsi qu’il a été facile de réunir des psychiatres qui viendront présenter leur activité lors de ce colloque et que nous présenterons ci-dessous. Des médecins psychiatres qui offrent des soins basés sur la pratique hypnotique à des patients présentant des troubles particulièrement lourds et complexes. Des médecins motivés pour que le souffle apporté par l’hypnose puisse bénéficier à tous les patients, non seulement dans les services et les cabinets spécialisés en psychiatrie, mais chez chaque médecin généraliste, chaque psychologue, chaque infirmier(e), chaque réanimateur, chaque sage-femme, chaque kinésithérapeute, chaque chirurgien-dentiste... puisque tous les professionnels de santé ont à s’occuper de patients dont les fonctions de la conscience sont perturbées.



INTÉGRATION MASSIVE DANS LES SOINS GRÂCE À LA RECHERCHE CLINIQUE

L’intégration de l’hypnose dans les soins ambulatoires et hospitaliers s’est faite de manière accélérée ces dix dernières années grâce aux études randomisées contrôlées de bonne qualité dans le traitement de l’anxiété et la douleur aiguës (Inserm, 2015). De plus en plus d’équipes réalisent des études pertinentes. Par exemple, Zemmoura et al. (2016) ont publié une série de 37 patients ayant subi une chirurgie du cerveau pour des gliomes avec l’aide de…



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Dr CLAUDE VIROT
 Psychiatre, directeur de l’Institut Emergences créé en 2001. Formé en 1986, il crée l’Institut Milton H. Erickson de Rennes-Bretagne en 1994. Il est président de la Confédération francophone d’Hypnose et Thérapies brèves, membre du bureau de la Société européenne d’Hypnose et de la Société internationale d’Hypnose dont il est devenu le président en 2015. En 2009, il reçoit le prix Jay Haley Early Career de l’ISH et le prix The Distinguished Lifetime Achievement Award à l’Institut Milton H. Erickson de Californie.

 



Dr STÉPHANE RADOYKOV Médecin psychiatre. Praticien contractuel (hôpital Cochin site Tarnier), remplaçant en libéral à Paris. Formateur. Directeur adjoint de l’Institut Emergences. 


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N°70 : Août / Septembre / Octobre 2023

Voici le sommaire, présenté par Julien Betbèze, rédacteur en chef :

. Anne Malraux décrit, à travers plusieurs séances de thérapie avec Syriane, comment celle-ci va retrouver des ressources, malgré la force du processus dissociatif. Dans cette histoire le personnage invisible du ''dévalorisateur-squatteur'', pilier de la dissociation, devient visible grâce au questionnement externalisant. Il perd son pouvoir et les ressources relationnelles peuvent émerger pour que Syriane retrouve sa fierté et reprenne des initiatives porteuses de sens.

.Cédric Gueguen nous entraîne à « surfer » sur les vagues de la confiance avec les sportifs de haut niveau. Il nous emmène en Polynésie pour saisir la puissance de la mémoire du corps amplifiée par l’entraînement hypnotique.

. Sophie Tournouër illustre, à travers la situation clinique de Daniel, l’apport de Guy Ausloos à la compréhension de ''l’acting out'' : le passage à l’acte n’est pas la cause du dysfonctionnement familial, mais une de ses conséquences. Elle nous aide à comprendre le lien entre les différentes compréhensions systémiques des passages à l’acte ; elle met en évidence l’importance de la dynamique de bienveillance et d’une approche collaborative pour retrouver les compétences relationnelles entre la maman et son fils. Et c’est par un questionnement orienté solution que l’apaisement pourra advenir.

Dossier : Indispensable hypnose

. Dominique Megglé nous apprend à repérer et à utiliser les 4 modalités de la transe : transe profonde, légère-moyenne, conversationnelle, invisible. A travers différentes situations cliniques, il souligne notamment comment la relation hypnotique permet d’échapper aux fausses exceptions lorsque celles-ci sont décrites comme de simples moments où les symptômes ont moins d’effet sur les sujets. Comme il le dit : l’hypnose est une jeune fille pleine de promesses.

. Gérald Brassine nous montre comment conduire le travail sur les protections dissociatives chez une femme de 40 ans, avec des antécédents d’abus dans l’enfance, envahie par la peur de sortir de chez elle. Il décrit avec précision une séance qui, grâce a un changement de scénario, permet à cette femme de se libérer d’un syndrome de Stockholm et de retrouver la capacité de faire des choix.

. Stéphane Radoykov et Claude Virot nous rappellent l’importance d’intégrer l’hypnose dans les soins psychiatriques pour que les différents dispositifs thérapeutiques puissent« semer les graines du changement ». Il nous paraît indispensable que, pour le public et les soignants, l’hypnose ne soit pas uniquement associée à l’analgésie, mais soit aussi reconnue socialement comme un processus d’activation du changement en thérapie.]

Espace Douleur Douceur

. Gérard Ostermann.
Edito : Quand l’hypnose parle à l’oreille des cigognes

. Michel Dupuet, gynécologue-obstétricien, nous propose une fructueuse illustration clinique de cette thérapeutique incomparable qu’est l’hypnose. Lorsque l’enfant ne paraît pas, tout se bouscule en effet avec son cortège de sentiments négatifs qui s’entretiennent les uns les autres : culpabilité, sentiment d’impuissance, d’injustice, atteinte de l’image de soi et du couple.
. Michel Dupuet a été le premier surpris de ses résultats des plus prometteurs, tout en affirmant avec modestie qu’il est peut-être prématuré de penser que les cas d’infertilité décrits et solutionnés par l’hypnose sont la preuve irréfragable de l’action exclusive de cette technique dans les problèmes de fertilité. Michel Dupuet espère seulement que dans les mois qui viendront ses confrères gynécologues, les centres de PMA intégreront l’hypnose dans leur panel thérapeutique. Malheureusement la crainte vivace dans l’inconscient médical du détournement de clientèle freine encore la collaboration. Pourtant 4 000 stérilités inexpliquées par an ouvre un vaste champ d’action.


. Muriel Launois, ergothérapeute, nous invite à ''Explorer ce qui est bon pour soi''. Dans un monde survolté, où le stress nous fait croire à la performance alors qu’il empêche en fait de goûter la vie, Muriel Launois nous propose d’être attentif à nous-même pour redécouvrir la vraie signification de l’écoute et de la communication avec le réel. Elle nous invite à être dans l’ouvert, sensible à ce qui est. C’est une attitude de vie. Il n’y a rien à atteindre, à obtenir, à devenir. Il s’agit simplement de perdre ses prétentions ; tout est déjà là en amont de notre être en-deçà de nos pensées, soucis et émotions.

Véronique Laplane, médecin pédiatre, nous indique la voie pour ''Ne plus avoir peur chez le pédiatre''. Les enfants sont d’excellents candidats à l’hypnose ! L’hypnose s’appuie sur l’imagination, or chacun sait qu’en la matière les enfants sont rois ! Pour eux, l’imaginaire est réel du moins jusqu’à un certain âge. Ils sont tour à tour dragon, princesse ou chevalier et ont intacte en eux la magie du « comme si »... L’hypnose ne doit pas être vue comme une solution magique, mais comme une méthode complémentaire aux techniques de communication, de réassurance et de préparation mentale.


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. Stefano Colombo et Mohand Chérif Si Ahmed : Quiproquo « Indispensable »
. Adrian Chaboche : Les champs du possible : ''Vous dansez ?''
. Nicolas d’Inca : Culture monde ''Voyage chamanique au son du tambour''
. Sophie Cohen : Bonjour et après ''Corinne et ses peurs''
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Rédigé le 17/07/2024 à 10:42 | Lu 591 fois | 0 commentaire(s) modifié le 17/07/2024

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