De l'Hypnose, de l'EMDR à laThérapie Brève Intégrative. De la Formation au Thérapeute. Paris, Marseille, Nancy, Annecy, Bordeaux.

Le cadre de l’hypnose.


Des lycéens aux thérapeutes en passant par le spectacle.
Plutôt que des coups de gueule ou des invectives, une tentative de compréhension de ce qui se passe avec ce sujet tellement polémique qu’est l’hypnose. Deux actualités me donnent l’occasion de clarifier certains points.



Le cadre de l’hypnose.

Première information : Des lycéens (1) s’amuseraient à pratiquer de « l’hypnose » dans leur lycée et à conditionner des camarades à certains comportements. Ainsi de cette jeune fille qui est censée « s’endormir » à chaque fois qu’elle entend le mot « dormir » ou qu’on claque des doigts. Une fois dans les pommes, les pompiers appelés tentent de la réveiller...quand elle reprend ses esprits, l’un d’eux claque des doigts pour maintenir l’éveil elle se rendort de plus belle. Des examens hospitaliers se révèlent bien sur normaux. Cette pratique est mise en parallèle par le journaliste avec ce qui se passe dans les vidéos sur l’hypnose de rue ou « street hypnosis ».

 

Deuxième information : une thérapeute est interviewée dans la newsletter de l’université Paris Descartes (2) au sujet de l’hypnose. Si ce qu’elle dit semble cohérent, en visitant, comme elle nous y invite, son site internet, on découvre qu’elle n’a apparemment pas de qualification en santé, et qu’en plus de l’hypnose éricksonienne, de l’emdr, de l’imo, techniques bien connues de nos jours et éprouvées (3), elle pratique aussi...le « magnétisme » (dont la question du « fluide » ne repose sur aucune base scientifique, et ce depuis bien longtemps), la « bibliothèque akashique », c’est à dire qu’elle a « trouvé le moyen [d’]accéder » au « livre de chaque âme » (sic), qui provient de « l’énergie à l’état primaire, avant qu’elle n’ait été dirigée par nos pensées individuelles et influencée par nos émotions au cours de cette vie-ci » (re sic)

Il faut aussi préciser que sa vocation lui vient entre autres d’un événement plutôt singulier :  "Un jour, je fus appelée par des amis pour intervenir sur le choc traumatique qu’ils avaient subi après qu’ils aient découvert leur voisine assassinée. Ma présence à proximité des lieux du crime eut une conséquence à laquelle j’étais loin de m’attendre… J’attirai malgré moi l’âme de la défunte en quête d’aide. Durant deux mois, des phénomènes inhabituels se produisirent avant que des amis médiums m’en révèlent la cause : l’âme de la défunte s’était accrochée à moi." (re re sic)

Je ne connais pas la personne en tant que thérapeute et n’en jugerai pas, je n’ai pas de remarque sur le fond de ce qui est dit dans l’interview, mais on aurait pu s’attendre à un autre choix d’intervenant pour une publication émanant d’une université de médecine ; comme par exemple de choisir un soignant ou un scientifique (et ils sont nombreux) qui interviendrait dans un des diplômes d’université d’hypnose médicale que l’on trouve dans plusieurs facultés de médecine à Paris.

 

Voici deux exemples intéressants de « mélange des genres » auxquels l’hypnose se confronte dans sa tentative de se présenter comme une technique de soins : le spectacle et l’ésotérique.

Tout cela est-il la même chose ? S’agit-il de « la même hypnose » ?

L’occasion m’est donc donnée de rappeler ici quelques « vérités » pas toujours faciles à entendre pour tout le monde :

 

1.L’hypnose est toujours de l’hypnose.

Oui, c’est un phénomène hypnotique, qu’il s’agisse de soins, de spectacle ou autre. Ce n’est pas une autre hypnose concernant le phénomène de conscience. Ce qui les différencie grandement n’est pas l’état d’hypnose lui-même, mais bien, comme nous le montrerons plus loin, le cadre d’utilisation.

 

L’hypnose est donc tout d’abord un phénomène particulier de la conscience, qui a été notamment objectivé par plusieurs études de neurosciences. Même si, bien sur, les recherches sur le cerveau n’en sont qu’à leur balbutiement, l’hypnose est un phénomène de conscience parmi les plus observés par les neuroscientifiques (4). Pour être plus précis, l’état de conscience per se est plutôt appelé « transe », pour le distinguer de l’hypnose en tant que mode de relation. La transe, en tant qu’état de conscience peut se révéler comparable dans différents cadres. Ce n’est pas l’état de conscience qui distingue les pratiques. L’hypnose est, qui plus est, un état naturel de conscience, tout le monde en est capable et le fait même assez naturellement sans le savoir, au quotidien; c’est ce qu’Erickson appelait « la transe commune de tous les jours ». 


2.« Hypnotiser » ne veut rien dire.

L’hypnose est produite par le sujet, donc le praticien n’hypnotise pas. Soyons précis, il ne fait rien d’autre qu’ « aider le sujet à entrer en état (de transe) hypnotique » grâce à sa technique.

 

Au delà de cet état caractérisé par une modalité particulière de l’attention, l’hypnose est donc aussi un ensemble de techniques de communication visant à faire passer ou à faire émerger plus facilement des messages chez le sujet. Bien évidemment la technique diffère légèrement dans le spectacle et le soin. Dans un spectacle les suggestions sont plus directes, autoritaires, standardisées et ressemblent parfois à des ordres. Dans le soins, la pratique est plus « calme », individualisée, parfois indirecte et se doit d’être respectueuse de l’individualité. Mais l’idée reste de susciter l’émergence d’un message, d’une émotion, d’un comportement, au départ inconscient.

 

Enfin, l’hypnose est avant tout une modalité relationnelle particulière de la conduite de l’attention et de l’influence. 

 

Retenez donc que l’hypnose est à la fois : transe, technique, relation.

 

Et c’est sur ce dernier point que tout change : le cadre d’application de la technique, l’usage qui est fait de l’état de conscience, la façon dont on est influent: influence-t-on pour le bien de celui qu'on influence ou pour son bénéfice personnel ?

Nous sommes tous « influents » les uns sur les autres. Conjoints, enfants, proches, mais aussi politiques, publicitaires, médecins. Avec plus ou moins de talent de communication, cette influence est plus ou moins grande. Avec plus ou moins d’éthique cette influence est plus ou moins à bon escient.

Selon l’intention de celui qui pratique, les techniques de communication « efficace » issues de l’hypnose (notamment modélisées par la fameuse PNL) peuvent être utilisée aux meilleures fins (thérapeutiques par exemple) comme aux plus intéressées (mercantiles, politiques etc.). Mais il s’agira toujours de faire émerger, chez le sujet, une idée (qu’elle soit d’aller vers un changement psychologique, d’affronter certaines peurs pour les surmonter, d’accepter un traitement...ou bien d’acheter un objet ou de voter pour quelqu’un...). La démarcation éthique a lieu entre: faire ce qui est bénéfique pour le sujet/client/patient ou bien utiliser cette communication au seul bénéfice de celui qui en utilise les outils.


3.L’hypnose ne permet pas de faire faire quelque chose à quelqu’un si ce n'est pas dans ses dispositions.

Si vous n’avez pas de tendance au meurtre, l’on pourra toujours vous répéter sous hypnose d’aller tuer votre voisin, vous ne le ferez pas. Si vous n'êtes aucunement (consciemment ou pas) dans une disposition à vous exhiber, vous ne vous déshabillerez pas sous hypnose si on vous le demandait! D’ailleurs si vous refusez d’entrer en transe vous n’y entrerez pas. L’hypnose n’est qu’une sorte de catalyseur, de révélateur. L’hypnose est utile pour aller mettre la main sur des éléments qui sont présents à l'état latent.

Mais alors, comment se fait-il qu'un hypnotiseur de spectacle arrive à "faire faire" des choses que le sujet apparemment ne "voulait" pas? C'est qu'une personne qui accepte de se prêter au jeu de l’hypnose de spectacle, monte sur scène avec l’idée, plus ou moins inconsciente, qu’elle va « faire des choses étonnantes », ou différentes ou surprenantes ou peut-être a-t-elle l’image qu’elle va se soumettre à la volonté de l’hypnotiseur. Si elle résiste d’emblée, elle sera identifiée comme « trop peu hypnotisable pour les besoins du spectacle » et une autre prendra sa place. Aujourd'hui, quand Messmer arrive sur un plateau TV, tout le monde "sait" ce qu'il est censé faire, est "conditionné", et dans un cadre favorable pour que cela survienne...

Une personne entrant dans mon bureau de thérapeute a, elle, probablement l’idée, plus ou moins consciente, qu’elle est là pour changer quelque chose dans sa vie, dépasser un problème, trouver des solutions. L’hypnose est ici encore un révélateur des effets du cadre et du contexte.

 

C’est pour cela qu’un hypnotiseur de scène ne pourra pas dans un spectacle faire sortir quelqu’un d’une dépression ou surmonter un traumatisme. C’est pour cela que dans mon bureau je ne pourrai pas (ni ne voudrai bien sur) faire faire des pitreries à quelqu’un. 

Aurons-nous la même relation si je vous rencontre dans mon bureau, dans la rue après l’accrochage de nos voitures, dans une soirée chez des amis communs ?...

Rien n’agit en dehors d’un cadre donné. Tapez sur Google "Joshua Bell Metro Washington" pour vous en donner une illustration.


4.L’éthique n’est jamais dans la technique mais dans celui qui l’utilise !


L’hypnose en soi n’est ni bonne ni mauvaise. Je le répète : tout dépend du cadre dans lequel elle est pratiquée et de celui qui en fait usage ! Je pourrais faire de la chirurgie pour guérir quelqu’un ou pour le mutiler. Certains tatoueurs usent de leur art sur une cicatrice de mastectomie pour redonner de l’esthétique et de l’estime de soi, le tatouage peut aussi servir à d’autres buts comme afficher des idées ou une identité, mais aussi, mal utilisé, il peut gâcher l’image de soi de la personne qui ne peut plus l’effacer.
 
La relation de confiance et l’éthique du praticien sont donc fondamentales, et cette éthique ne peut que s’exprimer dans un cadre bien défini.

5.L’hypnose n’est pas un métier

L’hypnose est un apprentissage technique qui permet de moduler la relation sur la base d’un fonctionnement particulier de la conscience. Mais l’hypnose n’est pas une profession. C’est une compétence qu’on ajoute à un métier que l’on fait. Par exemple: je suis un psychiatre et psychothérapeute qui pratique l’hypnose comme une modalité de la thérapie. Ma déontologie doit rester celle de mon métier, quelque soit la technique employée. En tant que formateur je n’apprends pas un métier à mes collègues ; j’apprends une compétence utile à un métier préexistant. Ils sont bien prétentieux et irréalistes, ceux qui prétendent apprendre un métier, complexe et humain, à des personnes en seulement quelques journées ! Ce n’est pas parce qu’on maîtrise l’hypnose que l’on maîtrise les enjeux d’une pratique de terrain. On apprend l’hypnose pour enrichir sa pratique de départ. Autres exemples dans le soin: avec l’hypnose, un dentiste, un urgentiste peut apprendre à mieux gérer la douleur aigue pour réaliser des gestes ; un médecin généraliste, un cancérologue, un algologue peuvent apprendre à mieux apaiser la douleur chronique et l’anxiété ; un psychologue, un psychiatre pourraient apprendre à savoir gérer les psychotraumatismes ou les dépressions ; les infirmiers, les kinés, les orthophonistes, tous les soignants, pour apprendre à gérer la relation de confiance… 

 

Concernant le spectacle, Messmer par exemple, est parfaitement clair, du moins dans son discours sur l’existence d’une différence de cadre entre sa pratique et celle du soin. Et au risque de surprendre, son métier non plus n’est pas l’hypnose. L’hypnose est l’outil qu’il utilise dans son métier actuel d’homme de spectacle. Les techniques qu’il utilise peuvent être apprises en quelques heures, voire quelques jours. Mais combien seraient capables de monter sur scène pendant 2 heures devant des milliers de personnes, d’y parler avec assurance, d’enchaîner les tableaux et garder un rythme au spectacle ? C’est là son vrai talent, et sur ce plan là,  il faut lui reconnaître.

 

Donc l’hypnose, en tant qu’outil est utilisable dans le cadre d’un métier que l’on connaît. L’hypnose comme un outil de spectacle si l’on connaît le spectacle, ses enjeux, ses limites. L’hypnose comme angle d’exploration de la philosophie ou des sciences humaines, si l’on maîtrise ces dernières, pour accompagner dans l'existence. L’hypnose comme aide complémentaire pour des patients souffrant de schizophrénie, si l’on connaît bien la schizophrénie. Pour aider des enfants, si l’on connaît le travail avec les enfants. Pour traiter la douleur si l’on connaît la question de la douleur et ses enjeux. La question n’est pas le niveau de maîtrise technique de l’hypnose du praticien, mais de maîtrise préexistante de la problématique qui lui est présentée. 


6.Mélanger les genres c’est mélanger les cadres

Au delà même de la connaissance de son sujet de pratique, tout cela devient problématique tout simplement quand les cadres sont mélangés. Quand certains font du soin un spectacle et inversement.

 

L’hypnose dite « de rue » par exemple, nous semble vouloir faire de la rue un grand laboratoire d’expérimentation des phénomènes hypnotiques sur tous les passants consentants. Bien entendu il y a officiellement une charte éthique, qui stipule que tous les sujets sont consentants. 

Mais de quoi s’agit-il ? D’aide impromptue ? De spectacle vivant ? Quand on entend un défenseur, un promoteur de l’hypnose de rue, démontrer son aspect spectaculaire et aussi  parler des « vies qui ont été bouleversées, en bien » grâce à cette pratique, on peut se le demander. Le cadre est flou.

 

Former tout un chacun à l’hypnose en s’assurant juste du consentement des personnes sur qui on pratique revient, pour reprendre des analogies déjà citées, à apprendre le simple fonctionnement d’un bistouri électrique, ou d’une machine à tatouer pour peu que les gens soient d’accord.

 

Un chirurgien m’avait expliqué pendant mes études qu’opérer une appendicite était un geste facile. Et c’est vrai, je le confirme. Un simple étudiant pourrait le faire, ça s’apprend en quelques jours. Mais si l’appendice ne se présente pas comme prévu du fait d’une particularité anatomique ou d’un antécédent dont il fallait tenir compte ? Et si l’étudiant perfore une artère ? Ou commet la moindre erreur d’asepsie qui vaudra une péritonite au patient ? Pour se rattraper, pour soigner, il lui faudra alors son « background » médical pour opérer en toute confiance.


7.On ne peut pas dire à la fois que l’hypnose est puissante et qu’elle n’est pas dangereuse.

L’ambiguïté de certains hypnotistes non soignants, défenseurs de « l’hypnose pour tous », tient au fait qu’ils exposent, peut-être de façon inconsciente, un paradoxe. Ils présentent les bienfaits de leur technique, la puissance impressionnante des outils hypnotiques ; et dans le même temps, ils parlent de son caractère non dangereux, ils hurlent au loup dès qu’il est question de légiférer ou de restreindre l’usage, ils traitent d’élitistes ceux qui voudraient restreindre l’hypnose au champ du soin pour éviter toute dérive. Seulement, et pour être dans la simple logique, une technique puissante, mal utilisée peut forcément devenir dangereuse. C’est le cas de nombreuses techniques et notamment dans le champ médical, mais pas seulement.

 

Ceux qui 

-présenteraient l’hypnose comme un outil puissant ET non dangereux, 

-qui repousseraient toute tentative de limitation, d’encadrement de son usage et de son enseignement, 

-qui mélangent allègrement soins, spectacle et développement personnel, 

en plus d’un raisonnement d’une grande faiblesse logique, portent une lourde responsabilité sur les dérives constatées et sur la défiance de la population par rapport à cette pratique. Ils ne défendent pas l’hypnose mais lui nuisent considérablement...et se tirent, à moyen terme, une balle dans le pied. (5)

 

Si le sujet n’était pas si passionnel, s’il n’était pas question aussi du véritable gagne-pain d’un certain nombre de personnes qui profitent de la « vague » pour en tirer des concepts et les vendre, il serait peut-être possible de débattre sereinement plutôt que de voir s’échanger invectives et attaques personnelles.

 

Que les choses soient claires : je ne conteste pas la possibilité d’existence d’une hypnose de spectacle, je ne conteste pas non plus que des personnes aient un goût pour l’ésotérique, je ne conteste pas non plus, loin de là, que des non soignants s’occupent de mieux-être et d’accompagnement des personnes. 

On imagine sans problèmes les fameuses « consultations philosophiques » (qui renouent avec une tradition ancestrale qui s’était perdue) aidées par les connaissances sur l’hypnose, on imagine bien, par exemple, une esthéticienne réalisant des épilations moins douloureuses, et aidant à se détendre avec de l’hypno-relaxation, on imagine aussi certaines formes d’accompagnement et de développement personnel qui pourraient s’inspirer de ces aspects. En revanche, le soin de lourdes pathologies, devrait être mené par ceux qui les connaissent. (6) Tout cela doit se faire dans une grande clarté et dans une (re)connaissance de ses limites...ce qui n’est pas toujours le cas... 

 

Nous voyons apparaître de nombreux « organismes de formation », souvent de piètre qualité dont certains proposent des formations en ligne, et distribuent des « titres de praticien » à des personnes qui vont prétendre aider des patients fragilisées, voire malades, crédules, pleine d’espoir...

 

Cela devient dangereux pour tout le monde, à commencer par les patients/clients/bénéficiaires de l’hypnose quand les différents aspects se mélangent et entretiennent la confusion. Il n’y a eu apparemment que très peu de plaintes à des thérapeutes non soignants. Mais quand il y en a eu, elles ont été systématiquement en défaveur du thérapeute et pour le motif « d’exercice illégal de la médecine ». (7)


Quel sera l’avenir ?

 
A force de dérives et de confusion, va-t-on :
-Vers une interdiction pure et simple de la pratique de l’hypnose pour les non-soignants ? Certains le souhaitent. Est-ce réaliste, attendu que l’hypnose de spectacle, entre autres, existe depuis longtemps, bien avant l’hypnose médicale et scientifique ? Est-ce possible politiquement et sociétalement, vu qu’il y a un grand nombre d’hypnopraticiens non soignants, dont de nombreux tout à fait irréprochables éthiquement ?  « Copyrighter » un mot, le protéger, l’interdire, serait une décision forte des autorités de santé. Si cela arrive, il est évident que certains de ceux qui le redoutent y auront contribué.
 
-Vers une confusion telle que la méfiance sera généralisée (des patients et du monde scientifique) envers l’hypnose ? Ce n’est pas à exclure. Le discours très clair d’un Mesmer sur scène suscite parfois une vraie curiosité pour l’hypnose de soins. En revanche les événements cités en introduction ou dans la suite de l’article, pourraient pousser à la défiance.
Il faut dire aussi que certains soignants, en opérant des confusions de cadre, des réifications considérant comme des vérités intangibles ce qui semblait être des hypothèses ou des métaphores, en mettant au même niveau des pratiques éprouvées, des rapprochements improbables et des croyances ésotériques, participent eux aussi à la confusion et se décrédibilisent quand ils défendent dans le même temps l'hypnose "scientifique".
L'hypnose est parfois fascinante, surprenante, ludique...et sérieuse ! La méfiance généralisée serait bien dommage au vu de ce qu’une technique comme l’hypnose peut amener aux patients.
 
-Vers une clarification et une distinction des cadres de pratique ? C’est le plus raisonnable et le plus fondé. Les patients sauront faire la différence si on leur en donne les outils. De nos jours, chacun sait, il me semble, faire la différence entre un massage visant le mieux-être dans un institut, et le massage d’un kinésithérapeute, médicalement prescrit, pour aider lors d’une souffrance qui en relève. Pourquoi en serait-il différemment pour l’hypnothérapie ?
 
Il en va donc de l’avenir de l’hypnose que les soignants et non soignants, sachent clarifier  les distinctions des cadres de pratique de cet outil formidable, puissant et plein de potentiels. A bon entendeur...
(8)


 

1- D’après un article du courrier picard (http://m.courrier-picard.fr/region/picardie-le-phenomene-inquietant-des-lyceens-sous-hypnose-ia0b0n689365

2- http://www.parisdescartes.fr/BULLETIN/Petits-Papiers-n-42/1-2-3-DORMEZ  

3- Dont je ne savais pas, du moins pour l’emdr et l’imo, qu’elles soient enseignées à des non-professionnels de santé

4- Le lecteur intéressé ira dans un premier temps chercher les articles d’auteurs comme Faymonville, Rainville, Price et d’autres, et pourra se faire une idée, de bibliographie en bibliographie...
 

5- Et que personne, pitié, ne vienne me dire que je défendrais là aussi mon pré carré. Je ne suis pas dans une logique de conquête, je ne veux absolument pas aller plus loin que mon activité actuelle. Je fais quelques formations et ne compte pas en faire plus car je suis convaincu que la majorité de mon temps doit rester auprès des patients pour être crédible en tant que formateur. Je vois des patients et n’ai aucun problème de recrutement. J’ai écrit un livre qui se vend sans trop avoir à faire de publicité. Je n’ai rien à vendre, et rien à défendre si ce n’est une certaine idée de la thérapie et de la protection de mes patients.

6- J'ai pu lire ça et là des discussions de praticiens non-soignants qui s’interrogent sur leur possible prise en charge par l'hypnose (sans connaissance autre que la technique hypnotique), d’hypothyroïdie, de problèmes immunitaires de type VIH, de possibilités de contraception, de troubles bipolaires ou de soins aux personnes lourdement psychotraumatisées suite aux attentats du 13 novembre... Je ne dis pas qu'une prise en charge complémentaire est impossible. Mais il n'est pas raisonnable de ne pas tenir compte de l'aspect scientifique. Les risques de dérives sont évidents.

7- Voir à ce sujet le rapport de l’INSERM sur l’hypnose. www.inserm.fr/ qui dénombre deux cas de cette nature.

8- Un article de fond plus important, sur la question "des" hypnoses, tiré d'une conférence donnée à l'EHESS sera prochainement publié.



Le Dr Philippe Aïm est psychiatre, psychothérapeute, hypnothérapeute, ancien chef de clinique, enseigne l'hypnose ericksonienne et les thérapies brèves au CHTIP Collège d'Hypnose et Thérapies Intégratives de Paris dont il est le responsable pédagogique. Il dirige aussi l'institut de Formation à l'hypnose à Nancy



Philippe AÏM
Philippe AÏM est Psychiatre, Psychothérapeute, Hypnothérapeute et enseigne les thérapies brèves, à... En savoir plus sur cet auteur


Rédigé le 16/12/2015 à 00:19 | Lu 5107 fois | 2 commentaire(s) modifié le 13/05/2023


1.Posté par Jean-Emmanuel COMBE le 04/01/2016 11:31 | Alerter
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Et si vous cessiez de voir l'hypnose comme étant provoquée par l'hypnotiseur et que vous la voyiez plutôt comme une re-découverte de soi (ce que vous écrivez pourtant ici et là, drôle de paradoxe), alors vous comprendriez davantage l'état d'esprit Street Hypnose.

Si aujourd'hui nous sommes plus de 3500 personnes sur le forum Street Hypnose, ce n'est pas à cause d'un cadre flou, mais davantage parce que l'intérêt de l'utilisation de l'outil hypnose comme un outil de re-découverte de soi semble vous échapper complètement. Vous parlez de l'hypnose comme d'un outil à "metier", devant accompagner une pratique officielle à côté. Et si l'hypnose pouvait aussi être juste un jeu pour mieux apprendre à se connaître ?

Tous les hypnotiseurs de rue sont avant tout des personnes qui apprécient et adorent se faire hypnotiser. Pour le plaisir !! Et qui a leur tour souhaitent partager ce plaisir autour d'eux. Avez-vous déjà vécu un phénomène hypnotique tel qu'une catalepsie, une amnésie ou même une très profonde relaxation, dans un cadre ludique ? J'en doute fort...

Le fonctionnement et même le développement de street hypnose est simple vous allez voir. L'hypnotiseur se sent valorisé dans son Ego (par la sensation d'être utile) et de par la reconnaissance infinie de ses volontaires qu'il a accompagné avec bienveillance. Il sent aussi ses progrès permanents dans sa capacité à accompagner de plus en plus de personnes avec des profils variés. Le volontaire dans la rue est gagnant aussi, tant il repart avec de nouvelles ressources que la société souhaitait lui faire oublier par la télévision et autres manœuvres ayant pour but de nous abrutir et nous conditionner par la peur.
Il y a aussi un aspect communautaire. Nous nous retrouvons entre amis hypnotiseurs de rue régulièrement et apprécions ces moments de partage et d'échange.
Gagnant-gagnant.

Il y aura toujours des exceptions, des adolescents souhaitant devenir les rois du lycée, des adultes en manque pathologique de reconnaissance qui vont faire des spectacles dans la rue dans le simple objectif d'être adulé. Ok, mais merci de ne pas généraliser.

Derrière ce que montre les médias, il y a des milliers d'hypnotiseurs respectueux dans la rue aujourd'hui dont on n'entend pas parler justement parce qu'ils savent être discret et que leur objectif est ailleurs que dans l'argent ou la notoriété.

Le cadre de l'hypnose ludique dans la rue n'est pas flou, la compréhension du processus hypnotique dont il dépend l'est en revanche clairement.

2.Posté par Philippe Aïm le 08/02/2016 17:43 | Alerter
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Bonjour M. Combe
Deux mots de préambule :

1.je vous réponds (bien que tardivement, désolé, l’emploi du temps a été chaotique ces temps derniers), car votre réponse était au moins respectueuse, ce qui n’a pas été le cas de tous les commentaires reçus suite à cet article.
Cela n’a rien avoir avec vous mais j’en profite pour dire que certains commentaires ici et là (notamment réseaux sociaux) ont été parfois agressifs, faits souvent d’attaques ad hominem (qui n’honorent pas leurs auteurs), malgré la pondération que j’avais tenté de mettre dans cet article.

2.je vous réponds, mais sans illusion : je ne pense pas vous convaincre, nos visions sont trop différentes et peu compatibles. C’est l’honnêteté et le désir d’informer qui me poussent malgré tout à écrire ici.

Venons en à ladite réponse. Donc oui, évidemment, l’hypnose est produite par l’hypnotisé, je le dis et l’écris partout. Erickson a passé sa vie à le dire.
Mais le cadre d’utilisation de l’hypnose, la façon dont la relation est menée reste fondamental.
L’hypnose n’est pas qu’un outil de découverte de soi, je ne suis pas d’accord. La production de phénomènes hypnotiques spectaculaire, sous des suggestions directes n’est pas de la « découverte de soi ».
L’hypnose n’est même pas un outil de découverte de soi quand il est le fruit d’un relationnel spécifique et d’une adaptation réelle et personnelle de l’hypnose et de son objectif. Je n’adhère pas à cette définition que je trouve réductrice et inexacte, et je crois pouvoir dire qu’Erickson n’y aurait sûrement pas adhéré.

Comme je le dis dans l’article, si l’état est le même, la technique est différente et la façon d’entrer en relation aussi. Tout ce qu’on voit en hypnose de rue, tout, (du moins les vidéos que j’ai pu voir, incluant certaines des vôtres) emprunte totalement les codes de l’hypnose de spectacle. Suggestions directes, phénomènes spectaculaires et amusants pour le public… Votre « routine » (mot emprunté entre autres à la magie…) préférée si j’en crois la partie publique de votre page facebook est de faire goûter un oignon en faisant halluciner que c’est une pomme.

Des praticiens de l’hypnose de rue prétendent (il suffit d’explorer YouTube) faire avoir un orgasme en pleine rue (la gêne des personnes dans l’après coup est éloquente), leur faire oublier des choses ou les faire se figer devant leurs amis, figer parfois les gens par un « bonjour », certains revendiquent même apprendre à des enfants de 12 ans à faire « comme à la télé » « endormir les amis »... Ne pas généraliser ? Oui d’accord, ce n’est pas « vous » en tant que personne, mais ils se revendiquent de la pratique que vous encouragez « l’hypnose de rue ». Il finit par y avoir beaucoup d'exceptions...

L’hypnose est un outil puissant, mal utilisé, il pourrait donc être dangereux, comme tout outil puissant. Si vous tombez sur certaines pathologies ou antécédents, il y a de vrais risques.

(C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous faisons attention aux personnes que nous formons, former un soignant c’est dire que son métier préexiste à son apprentissage de l’outil, c’est dire qu’en cas de problème il est responsable en tant que soignant.)

L’hypnose est un « état banal du quotidien » disait Erickson, certes. Mais la pratique de l’hypnose en relation n’est pas banale et anodine... Surtout si c’est fait pour « valoriser l’égo » comme vous dites, de l’opérateur ! (Car l’hypnotisé ne repart pas forcément avec des ressources (ça c’est un discours visant à banaliser la chose, à dédouaner) sauf éventuellement celle d’avoir constaté que son corps ne semblait pas lui répondre comme il le souhaite... Les ressources ce n’est pas ça pour moi...)

L’hypnose peut être un outil formidable et puissant, mais pas un jeu qui se pratique quasi sans règles (hormis le consentement et quelques autres). Car, et je ne le souhaite pas, mais à « jouer » avec les allumettes, certains vont se brûler….

Non seulement il y a du discrédit sur l’hypnose médicale (mais heureusement les médecins ont d’autres façons de démontrer cliniquement ce qu’ils font), mais surtout je crois que ça discrédite les hypnothérapeutes non soignants qui essaient de rendre leur pratique crédible et sérieuse. (vous allez me dire qu’il y a des soignants et des thérapeutes chez les « streeteux », mais je pense personnellement qu’ils se tirent une balle dans le pied...).

Vous remarquerez d’ailleurs que les soignants qui défendent l’hypnose thérapeutique ne sont pas tant virulents contre le spectacle (du moins pas tous) que contre les pratiques qui mélangent les genre (amusement du public et aide).

Quant à votre dernière ligne, les arguments sont classiques : c’est moi (nous ?) qui n’aurait pas assez compris l’hypnose, la « compréhension du processus » ou je ne sais quoi.
Je pense sans prétention, faire partie des gens qui connaissent un peu le sujet, même si on n’en a jamais fait le tour, même si je ne suis qu’un nain à côté des géants qui mel’ont transmise. Mais j’ai beaucoup lu sur l’hypnose, je la pratique depuis longtemps, j’en parle, j’enseigne, j’écris, je participe à des programmes de recherche fondamentale et clinique sur la question, mais je ne ferai pas de concours, j’en sais juste assez pour aider mes patients et étudiants, c’est tout ce qui compte.
Alors bon, ok, admettons que je n’ai pas assez bien compris l’hypnose, et que vous en sachiez dix fois plus que moi sur le sujet, l’idée ne me dérange pas …

Par contre, effectivement, j’ai un « métier », que je crois connaître, un diplôme qui fait (à en croire ceux qui ont bien voulu me l’accorder) que je connais les difficultés psy, les problèmes de dissociations, psychotraumatismes, fonctionnement de la mémoire et des faux souvenirs, troubles de personnalités, psychoses etc.
Et je les connais assez pour savoir que ce n’est pas écrit sur la tête des personnes qu’on croise, et qu’il ne faut pas faire n’importe quoi avec n’importe qui…

Comme je le dis dans l’article, il n’est peut-être pas réaliste d’interdire l’hypnose ailleurs que dans le monde médical, comme certains le voudraient pourtant. Mais j’estime de mon devoir déontologique (la protection des personnes, des patients est la seule chose qui me motive à cela) d’informer les gens sur ce qu’ils voient et entendent. Je pense donc que nous nous retrouverons ici ou là, d’une façon ou d’une autre, à nous contredire encore...

Quasi certain de ne pas vous avoir convaincu, mais espérant avoir un peu clarifié ma position, je vous souhaite une bonne soirée.

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